Article LinkedIn devient TikTok sur le site Agence Polarité

Vous venez de faire la dernière mise à jour de l’application LinkedIn ?

Il est fort probable que vous puissiez débloquer une nouvelle fonctionnalité : l’onglet « Vidéo ».

Lorsque nous avons découvert que LinkedIn venait d’introduire en version Beta un nouvel item « Vidéo » à sa navigation principale, nous avons cliqué.
Nous avons défilé le contenu.
Un swipe vers le bas et une nouvelle vidéo apparaît.
Tout semblait naturel.
Nous savions déjà comment faire.

Pourtant, l’expérience a un goût étrange, un goût particulier. Agréable, mais amer à la fois.
« Tiens, j’ai la même expérience que sur TikTok ». Mais pourquoi ? Pourquoi la plateforme de Microsoft fait-elle ce choix ? Pour écouter les tendances et plaire aux internautes ?
Est-ce ce que les internautes veulent vraiment ? Souhaitons-nous rendre LinkedIn encore plus « grand public » ?

Penchons-nous sur le sujet, qui va finalement au-delà d’une simple mise à jour.

 

« LinkedIn, c’est devenu Facebook ».
Finalement, c’est TikTok ? On s’y perd.

Il y a quelques années, on entendait « LinkedIn, ça devient Facebook » et ce pour plusieurs raisons.
En réalité, ce qui est surtout vrai, c’est que LinkedIn cherche à tout prix à se développer et à singer les meilleurs « usages » des plateformes sociales.
Après Facebook, LinkedIn s’est intéressé au modèle d’influence à la sauce Instagram. Et maintenant, c’est tout naturellement au tour de TikTok.
À travers ces choix, LinkedIn cherche à atteindre un public toujours plus large et à briser les barrières du B2B. Mais le faut-il ?

Prenons le sujet à l’envers et posons-nous la vraie question : « si Facebook vous proposait un outil pour avoir votre CV entier sur son réseau social, l’utiliseriez-vous ? »
Après tout, il suffirait à Meta de débloquer cette option et de référencer toutes les offres d’emploi sur un marché pour devenir immédiatement concurrent de LinkedIn.
Non ? Pourquoi donc ? Pourquoi Meta ne le fait-il pas ? Alors précisément qu’il y a plus d’utilisateurs sur Facebook que sur LinkedIn ? (3,049 milliards d’utilisateurs actifs dans le monde pour Facebook contre 700 millions pour LinkedIn)
Alors, utiliseriez-vous Facebook comme vous utilisez LinkedIn ?
Bien sûr que non. Parce que « vous avez votre vie privée sur Facebook, vous avez des photos… etc. ». Or, tout le monde n’a pas forcément envie de mélanger vie pro et vie perso.

Dans ce cas, pourquoi rechercher à rendre LinkedIn plus Facebook ?

 

Pourquoi sommes-nous sur TikTok ?

TikTok, c’est avant tout un algorithme pensé de façon machiavélique.
Nous n’allons pas nous étendre sur le sujet, d’autres l’ont déjà fait.
Pour en savoir plus, vous pouvez déguster la vidéo du Youtuber Leo Duff.
Toujours est-il que si 1,2 milliards d’utilisateurs sont actifs sur la plateforme, c’est pour y trouver en premier lieu du divertissement.

Or, quand on se connecte sur LinkedIn, on utilise la plateforme pour plusieurs raisons :

  • consommer du contenu professionnel à valeur ajoutée
  • partager ses réussites professionnelles
  • regarder les offres d’emploi, changer de job, etc.
  • suivre les actualités de son réseau, de son secteur…

Toutes ces raisons sont liées au travail, ou plus largement à notre quotidien professionnel.
Vous savez à quoi ce n’est pas lié ? Au divertissement !

Or, avec cet onglet « Vidéo » façon Tiktok, que trouve-t-on ? Du snack content de divertissement. Ou pire, des vidéos de motivation.
On en arrive alors à la fameuse question : pourquoi rendre LinkedIn plus TikTok ?
Côté plateforme, on comprend bien qu’il s’agit ici d’argent. Si les utilisateurs de LinkedIn consomment des vidéos, les unes après les autres, à la chaîne, comme ils le font sur TikTok, c’est jackpot. LinkedIn gagne du « temps de cerveau ».

OK.
Mais qu’y gagnons-nous nous en tant qu’utilisateur ?
Plus d’offres de travail ? Je n’en ai pas vu passer une seule.
Du contenu professionnel à valeur ajoutée ? Pour l’instant très peu.

Dans l’idée, ce nouvel onglet pourrait s’avérer très intéressant, surtout pour nous – professionnels du Social Media – car il pourrait nous permettre, voire nous pousser, à créer plus de contenus vidéos pertinents destinés à LinkedIn. Seulement voilà, pour cela, il faudrait que toutes les agences, tous les annonceurs, ne publient que du contenu « intéressant ».
Or, jeu de l’algorithme oblige, les vidéos de motivation vont forcément affluer (spoiler alert : il y a en a déjà plein). Puisque ce sont ces contenus qui génèrent le plus d’engagement, on ne verra rapidement plus que ceux-ci de façon organique.

Est-ce une bonne nouvelle pour ses utilisateurs ? Peut-être. Mais nous sommes en droit de douter.

 

De leader à suiveur ?

Plus largement, nous arrivons à une autre question, qui en découle tout naturellement : pourquoi se comparer à TikTok ? Pourquoi se comparer aux autres plateformes ?
En réalité, cela peut sembler très secondaire. Mais ce point est bien plus important qu’il n’y paraît.

Et ce pour une raison toute simple : de fait, LinkedIn est en position de leader sur son marché.
LinkedIn est la première plateforme sociale destinée au B2B, à l’emploi, etc.
Sauf qu’en allant chercher de l’inspiration du côté de Facebook, d’Instagram ou encore de TikTok, LinkedIn change de paradigme. LinkedIn se met en concurrence avec ces plateformes et choisit une position de suiveur.

Quelle est la première plateforme professionnelle au monde ? LinkedIn.
Regardons maintenant, par exemple, le dernier classement des réseaux sociaux les plus populaires en janvier 2024 (en nombre d’utilisateurs actifs).

Où se trouverait LinkedIn dans ce TOP 10 ? En 11ème position.

En faisant le choix de copier les autres plateformes sociales, LinkedIn fait le choix de sortir de son marché où il était pourtant leader pour se mettre en concurrence avec les autres mastodontes des réseaux sociaux. Et même plus largement, on pourrait dire que « ça y est », LinkedIn se met en concurrence avec Netflix ou Amazon Prime. Pourquoi ? Parce qu’avec cette mise à jour, le message envoyé par LinkedIn est clair : leur position de leader des réseaux professionnels ne leur suffit plus, ce qu’ils veulent, c’est devenir diffuseurs de contenus, c’est du temps de cerveau.